mardi 3 décembre 2019 (heure non définie)
A la mémoire de Babacar Gueye : sans justice, pas de paix !
Dans la soirée du 3 décembre 2015, Babacar se rendait à un repas avec des amis. Mais ce soir-là, Babacar sera abattu par la police de Rennes. Il recevra 5 balles dans son corps.
Depuis 2015, sa sœur Awaa Gueye lutte sans relâche pour arracher la vérité sur la mort de son frère. Elle a réussi à obtenir en 2019 une nouvelle expertise qui permet de remettre en question la version de la légitime défense de la police.
En ce 3 décembre, toutes nos pensées, nos prières, notre amour et notre soutien vont vers Awa, la famille et les proches de Babacar.
Nous continuerons à lutter avec rage, force et amour auprès d'elle.
Babacar, repose en paix, ta sœur est combative elle n'arrêtera jamais son combat pour toi et pour tous les autres.
Dans la nuit du 2 au 3 décembre 2015, les pompiers sont appelés, la police arrive: un agent de la BAC tire 5 balles, Babacar meurt dans une cage d'escalier
14/10/18 Il y a trois ans, nous avions retranscrit sur cette page le seul article paru à l'époque qui avait le mérite de confronter deux versions, l'une de la police, l'autre de l'ami de Babacar, seul témoin oculaire de la scène. Il s'agissait de l'article du Mensuel de Rennes. Malheureusement, cet article faisait passer Babacar pour le forcené décrit par les policiers dans les premiers articles qui en avaient relayé la version. La première justice dans une affaire de crime policier est de rendre à la victime sa dignité, surtout lorsque celle-ci est largement salie par les médias. Si l'on peut dire que le Mensuel de Rennes a permis de faire entendre que le doute planait sur la version des policiers, il a également permis à d'autres de s'autoriser à penser voire à dire que Babacar avait mérité sa mort tant il était fou. Comme nous avons déjà pu le dire, même 'les fous' ne méritent pas de mourir ainsi. La semaine dernière à Paris, deux policiers hors service ont su désarmer un homme d'un petit couteau en utilisant une trottinette. Sans doute cet homme n'était pas noir, et les policiers savent finalement trouver des solutions lorsqu'ils n'ont pas d'arme. Des histoires de jeunes hommes noirs qui se font tuer par la police nous en entendons deux fois par mois (1). Souvent, comme Babacar, ces hommes sont en détresse et ont besoin d'aide (2).
Babacar avait 27 ans et il aurait fêté ses 30 ans cette année. Tous les ans à la même période, les cicatrices se rouvrent, les sensations d'injustice et de colère s'intensifient. Les mêmes questionnements reviennent. Babacar était bon, aimant et aimé. Comment un homme peut-il être tué par la police quand ce sont les pompiers qui sont appelés au secours ? Comment une société peut-elle exister quand on en tue ses membres les plus fragiles et vulnérables ?
Babacar était sénégalais et il n'avait pas ses papiers. Des personnes sans papiers qui meurent en se jetant par la fenêtre pour fuir la police, qui n'en a jamais entendu parler? Les policiers, Babacar les connaissait, car dans ce monde où la police peut tuer en toute impunité, les sans-papiers sont aussi traqués.
Cette nuit du 2 au 3 décembre 2015, Babacar angoissait. Il angoissait et ce sont les policiers qu'il a vus. Comment aurait-il pu se calmer?
Ils lui ont tiré dessus au taser, mais le taser n'a pas marché. Il lui ont crié de lâcher son petit couteau de table qu'il utilisait peu de temps avant pour se scarifier l'abdomen. Mais encore fallait-il qu'il comprenne ce qui était en train de se passer.
Il faisait nuit et ils étaient 8, 4 de la BAC et 4 de la police nationale. Ils ne l'ont pas aidé et ils l'ont tué. Les pompiers ne sont pas intervenus, ils n'en ont pas eu le temps car il avait déjà reçu une puis quatre balles dans le corps. Deux mortelles.
Une fois de plus, les policiers ont fait corps. Ils ont plaidé la légitime défense, leur seule défense face à ce crime ignoble. Comment en aurait-il pu être autrement dans cette longue série de crimes racistes et psychophobes?
Puis ils ont porté plainte contre lui pour tentative de meurtre. Des histoires horribles comme celle de Babacar, il y a en a des dizaines.
Babacar agonisait dans la cage d'escalier et ils l'ont menotté. Laissé sur le sol un temps qu'on ne connaît pas. Une demi-heure, une heure, peut-être deux. Nous ne savons pas car nous n'y étions pas, mais leurs histoires on les connaît, et on n'y croit pas.
Il était seul et il avait peur, personne de ceux qu'il aimait n'était là pour l'accompagner dans son dernier souffle.
C'était à Maurepas à Rennes à 4h du matin, quand tout le monde était endormi.
Babacar on ne t'oubliera pas. (3)
(1) On compte 10 à 15 morts par an depuis 50 ans selon l'historien Maurice Rajsfus et son Observatoire des libertés publiques : Que fait la police ?. Le profil type du décédé est « un jeune homme des quartiers populaires, d'origine maghrébine ou d'Afrique Noire ».
(2) Abdoulaye Camara, Amadou Koumé, Cyrille Faussadier, l'homme de Vincennes, …
(3) La soeur de Babacar, Awa, a mandaté une troisième avocate en juin 2018. Cf « suivi » juridique
Sources : page facebook Vérité et justice pour Babacar Gueye et https://justicepourbabacar.wordpress.com/