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vendredi 31 août 2018 (heure non définie)

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Retrouver du souffle

Cette série de discussion recoupe en partie celle des rencontres intergalactiques qui se tiendront sur la zad au même moment.


Retrouver du souffle

  • invitation pour une rencontre sous le hangar de l'avenir
  • à la ferme de Bellevue sur la ZAD de Notre-Dame-des-Landes
  • du 27 août au 2 septembre 2018

« La révolution n'est pas épuisante, elle est exigeante ». Un ami disait cela des fins de mouvements qui laissaient les corps et les désirs abattus, désœuvrés, abandonnés à ce que des semaines, parfois des mois ou des années d'intensité politique pouvaient produire dans la défaite comme sentiment d'impuissance. Le retour brutal à la réalité, avec son cortège de renoncements, d'embrouilles, de trahisons, de vœux pieux.

Ce sentiment si désagréable, nous sommes nombreux aujourd'hui à l'éprouver sans pour autant y voir une fatalité car ce printemps aura marqué un tournant majeur dans le temps politique qui se présente à nous. Manu a réussi à porter atteinte à ce qu'aucun de ses prédécesseurs n'avait su provoquer. Il s'est attaqué frontalement à ce qui donnait encore un peu de chaire à l'idée de gagner ensemble malgré nos différentes inclinaisons. L'alliance, la convergence ou le rassemblement (appelons-le comme on voudra) des manières singulières de se soulever contre l'état du monde.

Derrière la triple attaque simultanée qui devait anéantir le statut des cheminots et son héritage historique, la possibilité même de construire un mouvement de jeunesse, et l'espoir de voir perdurer un territoire sans État dans la banlieue nantaise, Manu a mis à l'épreuve notre capacité à donner corps et consistance aux nombreuses rencontres produites par le souffle réparateur du mouvement contre la loi travail et des Zad. Chacun s'est retrouvé devant ses propres faiblesses relativement isolé et incapable de déjouer le cadre symétrique qui lui était donné d'affronter.

Les cheminots se sont lancés dans une grève longue, déterminée mais perlée, cadrée strictement par les directions syndicales, qui s'est révélée jusqu'ici incapable d'entraîner un soutien large dans son sillon.

Les étudiants ont cherché avec beaucoup d'inventivité à occuper leurs universités au détriment des prises de rues qui deux ans plus tôt avait bouleversé l'équilibre ronronnant des forces politiques et redessiné un chemin praticable.

La ZAD et ses soutiens, malgré une résistance acharnée, n'a pas réussi à sauver tout ce quelle comptait d'habitats face la plus grosse opération de maintien de l'ordre depuis bien des années, et le climat d'accusations porté par une partie de ses occupants est venu peu à peu recouvrir la puissance commune qui a permis d'arracher l'abandon du projet et, s'il fallait le rappeler, d'obtenir une des plus importante victoire de ces 2à dernières années.

Quant à tous ceux qui se battent avec acharnement contre la politique anti-migrants, ils se trouvent isolés et malmenés face à la barbarie que l'Europe est en train de produire. A l'échelle locale comme nationale, les autorité fermes les yeux quand elles n'alimentent pas directement le climat de haine qui se répand contre les exilés.

Et tout ça sous l'arsenal des GLIF4, LBD 40, des gaz lacrymogène et des matraques, des drones, blindés et des hélicoptères, des conseils de discipline, des licenciements, des perquisitions, des arrestations, des juges et des condamnations : à marche forcée vers une folle et dangereuse fuite en avant du pouvoir.

Pourtant, dans ce sombre tableau, quelque chose survit.

Bien que certains la considèrent morte, la zad est bien loin d'avoir donné son dernier souffle. Elle a perdue une part de ce qu'elle avait construit ces dernières années, c'est indéniable, mais que des centaines d'hectares de terre, la concentration de près de 150 personnes et des formes d'organisation collective vielles de plusieurs années soient tolérées (même légalement) aux abord d'une des plus grande métropole de France, tout cela garde un caractère inédit incontestable.

Reste qu'il faut à présent reconstruire le sens commun mis à l'épreuve ces derniers mois.

Le « monde du travail » lui voit surgir chaque jour des mouvements de grève que des équipes syndicales tentent de sortir de leur isolement. Postiers, hospitaliers, gaziers, métallurgistes, plusieurs secteurs ont trouvé le souffle pour mener des grèves dures - dont certaines sur des revendications offensives -, pour se rencontrer et parfois obtenir de vraies victoires. S'il est un endroit au sein du « monde du travail » ou il faut chercher des complicités, c'est bien dans ces secteurs ou la lutte n'est pas encore chargé par la lourdeur des mécanismes historiques, et dans lesquels une certaine fraîcheur ouvre de réelles possibilités de rencontre.

La jeunesse enfin, dont on peut dire qu'elle a largement politisé le paysage ces dernières années cherche un langage pour ne pas sombrer dans le chaos de son époque et pour ne pas s'abandonner au nihilisme qu'il engendre. Sur les murs des villes s'exprime la poésie contemporaine, et les mots sont chargé du désir de réinventer le présent.

Il reste sur tous ces plans, et sur bien d'autres encore qu'il conviendrait de mentionner, des raisons de croire que tout peut encore s'inverser.

Dans le pays nantais, nous avons compris avec la Zad et sa composition, avec les mouvements sociaux et leurs tentatives de composition, que le mouvement de fond ne grandit pas sans continuité, sans que les liens ne se prolongent au-delà des moments d'intensité, sans les préparer à l'épreuve de futures tentatives, de nouveaux paris.

Nous allons nous retrouver entre le 27 août et le 2 septembre 2018, sur la Zad de Notre-Dame-des-Landes, pour partager les constats d'échec comme les élans victorieux qui ont traversé nos luttes, pour revenir sur certains paris, les détricoter et s'en raconter la substance, pour imaginer aussi les lieux et les temps que nous voulons perforer, envahir, transformer, habiter, et enfin pour penser ensemble comment construire un langage et une analyse communes malgré la confusion régnante. Pour redonner du sens à l'idée de s'organiser dans une période de grande fragilité.

Comme beaucoup des questions qui nous occupent se posent aussi ailleurs, il nous a paru utile de rendre cette rencontre publique et d'inviter qui le souhaite à s'y rendre pour participer aux discussions, proposer des contenus en amont ou plus simplement aider à la logistique du campement.

Dans cette même semaine se tiendra le camp intergalactique de l'Ambazada qui réunira des compagnons de luttes venus de toute l'Europe. Il est important pour nous de conjuguer ces deux initiatives pour permettre des rencontres, des croisements, et pour susciter la curiosité mutuelle qui invite à comprendre comment les choses se passent chez nos voisins, comment les questions se posent, et comment les victoires se racontent.


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Voici le programme détaillé des rencontres, à diffuser autour de vous !

- LUNDI 27 AOUT :

/10H : Accueil, introduction des discussions de la semaine et présentation des différentes questions logistiques.

/14H : Entre traque des migrants et fermeture des frontières, comment renforcer les luttes avec les exilés ?
Les politiques anti-migratoires européennes ne cessent d'accroître leur régime de répression et d'exclusion, jusqu'où vont elles aujourd'hui ? Le migrant désigne pour l'Europe la figure de l'extériorité contre laquelle on s'unit, l'ennemi commun qu'il faut invisibiliser, réprimer, traquer expulser. Pourtant il existe encore de nombreux foyer de résistance face à ces volontés d'anéantir des existences. Le squat est une réponse matérielle à l'accueil des exilés, un espace où s 'élabore des actions, des croisements. Mais cette réponse reste précaire et exigeante en temps. Entre l'urgence et la pérennité, comment renforcer des espaces durable d'accueil et d'accompagnement ? Comment construire avec les exilés un avenir désirable ? Comment renforcer les liens avec d'autres luttes pour se renforcer mutuellement ? Récit et débat avec des personnes de Nantes impliquées dans les luttes avec les exilés.

/20H30 : Voyage à travers des décennies de lutte (voir appel) - épisode 1 - intervento sur les mouvements révolutionnaires italiens des années 70

- MARDI 28 AOUT :

/9H : Rapport de force et négociation
Sur tous les fronts de lutte se pose la question stratégique de la négociation. Parfois, l'ennemi nous y accule. Parfois, c'est lui qui est forcé d'y consentir face à la puissance du mouvement. Souvent c'est un subtil mélange des deux. Dans les grèves de salariés, dans l'histoire récente de réquisition des bâtiments par les exilés de Nantes, dans la séquence qui s'est ouverte sur la ZAD depuis l'abandon du projet d'aéroport, nous avons été confronté à des expériences de négociation. Celles ci sont toujours complexes, ambiguës et risquées. Elles peuvent tout aussi bien permettre au mouvements d'arracher des victoires partielles mais déterminantes pour l'avenir que les affaiblir et les neutraliser. Loin des a priori idéologiques, il s'agit de partager des expériences et des questionnements stratégiques et politiques à partir d'exemples concrets de négociations collectives.

/13H30 : Usages révolutionnaires du syndicat ?
Le syndicalisme traverse une crise historique. Baisse du nombre de militants et absence de renouvellement générationnel. Difficulté, voir incapacité, à enclencher des grèves interprofessionnelles et reconductibles. Absences de victoires significatives depuis 1995. Pour autant le syndicat constitue l'un des derniers espaces d'organisation collective où se retrouve des salariés de plus en plus isolés et fragmentés. Il reste par ailleurs l'une des principale force d'appel capable de prendre la rue. Historiquement il a été un des outils d'organisation investit par une multiplicité de tendances, des plus réformistes au plus révolutionnaires. Dès les origines du syndicalisme, un dense réseau territorial de lieux autonomes, les bourses du travail, à profondément contribué à l'offensivité du mouvement ouvrier. Quel usage révolutionnaire du syndicat aujourd'hui ? Quels lieux d'auto-organisation, de formation et d'échange pour les salariés en lutte ?

/17H : Voyage à travers des décennies de lutte - épisode 2 - retour sur les mouvements autonomes allemands des années 80

- MERCREDI 29 AOUT :

/9H : Comment se défendre ? Journée d'autoformation.
De nombreux ateliers vous seront proposé le matin et l'après midi pour explorer différentes manières de se défendre ensemble face aux armes juridiques, administratives, numériques et policières. Comment préparer un procès, comment communiquer sans être vu sur internet, comment reconnaître les armes de nos ennemis, ou encore comment apprendre à dispenser les premiers soins en manifestation et comment s'organiser ensemble pour faire face à la machine administrative ? Autant de questions que plusieurs intervenants traiteront depuis leurs expériences propre dans les différents ateliers.

/21H : Voyage à travers des décennies de lutte - épisode 3 - les mouvements écologistes radicaux et anticapitalistes anglais des années 90, des road protests, street party à la montée en puissance du mouvement antimondialisation.

- JEUDI 30 AOUT :

/9H : Quels sont les lieux de la communauté ?

Occupation éphémère, ou durable, les nombreuses tentatives des dernières années ont manifesté des manières singulières de faire vivre dans des lieux une communauté de lutte. Regards croisés entre communautés de lutte des mouvements de jeunesse, dans les occupations de fac ou de squat et communautés de lutte des mouvements de travailleurs sur les piquets de grève. Qu'ils soient physiques ou dématérialisés, souvent les lieux de luttes permettent de se rencontrer, de se former et de faire communauté. Comment ces communautés persistent après le lieu de la grève ou du mouvement social qui les ont vue naître et comment arrivent-elles à se donner des objectifs ? Pourquoi ces communautés en arrivent-elles à s'organiser en dehors des cadres institués des appareils de lutte ? De quelles manières prendre soin des liens au sein de la communauté après
l'intensité de la rencontre ? Et comment propager ce commun ?

/14H : Atelier réseaux sociaux
Qu'on fustige leur utilisation devenue massive ou qu'on se jette à corps perdu dans le régime de sociabilité qu'ils produisent, les réseaux sociaux sont devenus incontournables dans les luttes. À Nantes depuis quelques années une page Facebook a transformée le paysage politique comme d'autres l'on fait ailleurs. Si cet outil numérique permet un partage viral de l'information et met en lumière les exactions policières qui depuis des décennies bénéficient d'une opacité douteuse, il est aussi une source d'information inépuisable pour le renseignement autant que le nouveau lieu d'un conflit politique désincarné. Que faire de sa centralité ?

/16H30 : Construire des communautés de lutte en prenant soin des liens qui les traversent.
Face à une forme de nihilisme et d'individualisme de l'époque ainsi que du manque de perspectives qui traversent nos luttes, il importe de retrouver une volonté commune révolutionnaire. Comment se sentir appartenir à un mouvement de lutte qui a un ancrage dans l'histoire pour se donner des projections communes et ambitieuses ? Beaucoup de jeunes liens et de groupes s'effritent et perdent leur force politique dans cette période de l'éphémère. Comment en requestionnant les liens, en les rendant plus désirable pour tous, en leur donnant de l'importance, on arrive à trouver plus de joie et de constance dans les luttes ?

Repas et fête dans le hangars de l'avenir, Concert avec Portron Portron Lopez + Portron Portron touaregs + Culture émotion + Channel plus

- VENDREDI 31 AOUT :

/11H : Comment s'organiser ?
Partout, sur la ZAD comme dans la jeunesse, dans le syndicalisme comme dans le monde associatif, les mouvements de masse ont disparu. 10 ans ont suffit pour que le goût de lutte s'estompe devant la persistance des constats d'échec. Ainsi le mouvement contre la Loi travail en 2016, fut un moment de surgissement politique puissant et inattendu dans ses formes autant que l'expression de la dispersion des forces et de leur isolement consécutif. Depuis ce constat, à Nantes comme à Paris, à Rennes ou à Rouen, s'expérimente de singulières formes de composition pour dépasser le sentiment d'impasse. Ces formes ont fait depuis 2017 l'épreuve du Macronnisme et des nœuds politiques qu'elles entendaient dépasser. Beaucoup d'enseignements peuvent en être retiré pour sentir ce qui dans la composition peut nous donner de la force et ce qui risque fort de nous faire passer à coté des grandes questions de notre temps. Discussion croisée avec l'ex comité d'action nantais et le comité d'initiative.

/15H : Construire des réseaux de ravitaillement des luttes
Depuis un an nous avons créé la cagette déter. Ce réseau s'inspire de l'expérience de mai 68 en pays nantais et des actions de paysans travailleurs dans le années 70. La cagette c'est des banquets pendant les manifs ou les occupations ; des petits déjeuners matinaux sur les piquets, devant des bureaux de poste, ou les facultés ; des livraisons de cagettes garnies aux salariés en grève. Le ravitaillement nous permet d'appuyer les luttes avec une force matérielle conséquente tout en densifiant la circulation entre les mondes en mouvement. Dans d'autre villes, des réseaux de ravitaillement émergent dans le prolongement des cantines collectives. Ils conjuguent la question de l'autonomie alimentaire et celle de l'intervention dans les luttes sociales. Comment étendre et amplifier ces gestes ? Comme s'essayer à des formes communistes de distribution des denrées alimentaires qui ne relèvent ni de l'économie capitaliste ni de ses variantes alternatives type AMAP, ni de la charité humanitaire ?

/21H : Voyage à travers des décennies de lutte - épisode 4 - retour sur les mouvements français de 2005 à 2017 - des émeutes de 2005/CPE à la loi travail en passant par les zads

- SAMEDI 1er SEPTEMBRE :

/9H : Assemblée de bilan et de mise en perspective des discussions de la semaine

/15H : Assemblée à l'ambazada, suite et fin des rencontres ouvertes entre territoires en bataille/zones en recherche d'autonomie : les inspirations du passé - durer, se projeter au-delà des défaites et des victoires.

/20H : Fête d'inauguration de l'Ambazada.

- DIMANCHE 2 SEPTEMBRE :

Rangement du site


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- INFOS PRATIQUES :

Les rencontres se tiendront à la ferme de Bellevue sur la ZAD de Notre-Dame-des-Landes. Un espace sera mis à disposition pour planter des tentes. Les repas seront pris tous les midi au hangar de l'avenir et le soir à l'Ambazada (près du carrefour de la Saulce). Une caisse de participation libre sera disponible pour que les frais engagés pendant la semaine soient pris en charge par les participants. Il y aura un bar disponible à l'Ambazada où nous nous rendrons chaque soir pour les discussions et le repas.
Lorsque vous arrivez à bellevue dirigez vous vers le hangar de l'avenir au niveau du parking, l'accueil se fera là bas.

Pour toute information complémentaire vous pouvez nous écrire à l'adresse mail suivante : retrexouverdusexouffle@rexiseup.neext

Source : https://expansive.info/Retrouver-du-souffle-1… +++ https://www.facebook.com/Nantes.Revoltee/phot… +++ http://blogyy.net/2018/08/23/la-zad-a-la-croi…